Article dans « Vigneron »

 Domaine Olivier Leflaive

 

Pour cet amoureux de la musique, les climats sont d’harmonieuses symphonies à traduire fidèlement. Sur ses 2 premiers crus et ses 2 grands crus, Olivier Leflaive joue un quatuor en sols majeurs.

Comédienne et musicienne, Julie Leflaive aime donner du poids et de la joie aux mots. La complicité et la connivence avec son père Olivier sont totales. Mi-poète, mi-paysan, ce guitariste virtuose fait résonner depuis le milieu des années 1980 le grand choeur des chardonnays. Depuis qu’il a fondé avec son frère Patrick une maison d’élevage et de vinification haute couture.  Ils recrutent à cet effet l’un des plus talentueux maestros, Franck Grux. Par ses efforts de vigilante attention, il développe de mélodieux accords auprès des vignerons et en une petite décennie place la gamme de crus en haut de l’affiche.

En 2010, les frères récupèrent une partie des précieuses vignes familiales du domaine Leflaive. On joue alors allègrement du premier et du grand cru.

Ainsi les treilles et leur chatoiement polychrome se dévoilent à hauteur des Folatières : 20 ares plantés dès 1983 dans la partie centrale, en haut du lieux-dit Peux Bois. La pulsation du coeur de bouche lumineux du 2017 bat à l’unisson, empreint de charme et d’élégance. Le vin se montre étoffé, expressif, généreux, parlant à la fois une langue puissante et tendue. Sa texture raffinée se pare de notes suaves et épicées avec une touche crayeuse finale qui affirme une prestance en bouche digne du concerto d’Aranjuez de Joaquin Rodrigo. Plus au sud, les 30 ares des Pucelles portent de vénérables ceps dont l’origine remonte à 1961. La terre se montre légère et caillouteuse, ses petites sources d’eau souterraines évitent tout stress hydrique en été, de quoi livrer un vin pointilliste, floral, alliant des notes de chèvrefeuille et de feuille de citronnier, nuancées d’une touche minérale. La bouche exulte dans une rectitude vertigineuse, profonde, dans une trame en filigrane où les faveurs de chair de citron et de poudre de craie se confondent pour créer une mâche volontaire au sein d’un équilibre infiniment frais et salin.

Un petit portique de pierre au style classique et antique à la fois permet de localiser la parcelle de Chevalier-Montrachet, située sous la célèbre Cabotte de Bouchard Père & Fils. Ce sont 20 ares de Chevalier sur les vignes de 65 ans d’âge, en haut du Climat, sur des sols de poudre calcaire avec marnes en dessous, pour bien réguler la réserve en eau.

Les rangs remontent en direction des bois. On y produit un vin magnifiquement scintillant : le 2017 exhibe une couleur or-vert avec beaucoup de brillante. Le Nez débute sur des notes légèrement menthes combinées au caractère de zeste de citron vert typique des terroirs très calcaires. Au fil de l’ouverture, des notes plus florales s’insinuent sur fond de fruits secs. La bouche à la fois aiguisée et soyeuse présente une intensité minérale renversante de subtilité.

Planté en 1962 dans l’épaule supérieure des bienvenues, juste en limite de Chassagne, le Bâtard-Montrachet couvre 18 ares situés sur la partie haute de ce climat, avec plus d’argile de très grande qualité, d’où son style à la fois dense et aérien. Un vin à la profondeur de chair, un fruit mûr, juteux, acidulé, à l’envergure corsée et savoureuse, dans une matière crémeuse et fraîche, avec une belle tension sous-jacente. Un Bâtard tout en finesse qu’il faut aller chercher car il ne s’impose pas : il doit être écouté tant sa musique est subtile. Pour la récolte, il ne faut surtout pas que la vigne soit en surmaturité et donc intervenir le plus tôt possible. Toutefois, en 2020, ce grad cru s’est trouvé vendangé quatre jours après le Chevalier pour conserver dans chacun des cas une acidité vaillante. A chaque fois, cela se déroule entre 11heures et midi pour que les peaux soient plus détendues, permettant de mieux libérer les jus.

Soulignant qu’il n’y a de terroir qu’incarné par un lieux géographique, le quatuor en sols majeurs d’Olivier Leflaive veille avec constance et rythme que chaque cru se hisse à l’octave supérieure.

 

Belle Halte à Puligny

Alors que le vignoble doucement entrouvre à nouveau ses portes sur le monde, cette maison d’hôte permet de vivre le meilleur de Puligny de l’intérieur .

Au pays de Puligny que le vignoble serti, la place du Monument regarde l’Histoire sous son dais d’arbres où le vent chochotte. Solidement ancré depuis plus de deux décennies, l’hôtel de charme d’Olivier Leflaive – référencé 4 étoiles – comprend désormais une partie bistrot et une autre réservée au restaurant gastronomique. Par delà le masque de circonstance, le regard éclairé de l’intérieur et plein d’attention de Julie Leflaive est teinté d’une lueur de fierté légitime. La lumière flirte avec le vibrato Art Déco qu’elle vient d’initier :  » Un style qui ne vieillit pas et qui correspond à l’art de recevoir de mes grand-parents. Très sensible au graphisme, je tisse toujours le lien avec le parcellaire des climats de Bourgogne. Depuis douze ans que je suis à la tête de l’établissement, il était temps de changer. Mon père qui l’avait mis sur orbite dès 1994 m’a fait entièrement confiance pour tous ces travaux qui ont duré dix mois. Nous avons rénové 6 des 17 chambres et hissé la qualité de la table à la hauteur des vins proposés par la maison.

Les cuisines ont été agrandies et au piano Lionel Freitas au CV bordé de maisons étoilées (Lameloise, Le Jardin des Remparts…) met en saveurs des plats bourgeois où la surprise fuse toujours d’un coin de l’assiette, de quoi entrer en composition avec les crus du négoce haute couture d’Olivier Leflaive. Une marche supplémentaire est franchie en ces Pâques 2021 avec le lancement d’une carte gastronomique. On élargit l’offre également par un second livre de cave, avec ce que la Bourgogne compte de meilleur sans oublier les autres régions françaises et les cru étrangers. les prix y sont très attractifs.

L’amateur y trouvera son bonheur entre le Richebourg du domaine de la Romanée-Conti, Charme-Chambertin d’Eric Rousseau ou les Saint-Georges de Thibault Ligier-Belair, sans oublier les crus de Louis-Bejamin Dagueneau ou de Vega-Sicilia.

Une adresse gaie comme le chant de la grive espiègle qui vient piquer le raisin au nez et à la barbe du cueilleur.